Les longs rayons de soleil finissaient de rougir le ciel avant d’aller se cacher derrière l’infini bleu pour commencer une nouvelle nuit. Le ‘’Sharks’’ était constitué d’un grand pont, avec deux tours, une plus rabougrie à l’avant, et une assez grande à l’arrière. C’est sur le balcon à l’avant que Finster admirait celle qu’il considérait comme sa bien-aimée. Le balcon n’était pas somptueux, du métal, gris, simplement, aucune décoration, aucune parure, simplement une vue. On lui accédait par un escalier ressemblant aux escaliers de secours sur le bord des appartements. Ce n’était ni un paquebot de croisière et encore moins une embarcation de plaisance. C’était un navire de guerre, une machine à couler, à détruire et à tuer. Mais Finster ne pensait pas ces choses là. Et lorsqu’il naviguait ainsi, il oubliait les deux cents personnes qu’il transportait à bord et les dizaines de milliards de corrompus semant la terreur sur toute la Terre. Il ne pensait qu’à la brise, à l’odeur et la tranquillité, malheureusement souvent très courte.
«J’y retournerai. Je reprendrai ce qui m’a été dérobé.»
Après avoir repris le ‘’Sharks’’, Finster et les forces espagnoles des implacables sont immédiatement partit contre la flotte des Corrompus. Parcourant l’Atlantique, cette armada désorganisé s’est heurté au ‘’Sharks’’, qui en a précipité rapidement plusieurs au fond de l’eau. C’est après quelques temps, et avec l’aide de nouvelles forces navales des implacables, qui Finster mena une victoire temporaire dans l’Atlantique. Par la suite, il servit les différents districts comme étant transporteurs, ou encore outils de guerre quelconque, surtout du côté des implacables. C’est avec un peu de déception que Finster décida de ne plus les servir, après que ceux-ci aient décidé de ne plus payer l’équipage à cause du bris d’une passerelle. La frustration s’empara de chacun, mais le calme revint, et Finster, obligé de se nourrir et de faire rouler son navire, mit voile vers le district nazi, florissant d’une expansion nouvelle disait t’on. Il mettait maintenant voile vers les côtes de l’Allemagne, d’où il pourrait atteindre le Reich et proposer ses services au Führer.
«Je la reprendrai, et nous vivrons à nouveau d’une gloire éternelle.»
Finster quitta le balcon, et descendit tranquillement le mince escalier. Il y repensa quelques instants, et remarqua que ça faisait plusieurs mois qu’il n’avait pas changés de linge. Toujours vêtu d’un vieux gilet brun décoloré, d’un pantalon noire, virant plutôt et gris, et duquel on pourrait écrire une histoire complète. Seul le petit écusson reconnaissable du ‘’Sharks’’ était encore en bonne état. Pour lui, c’était la seule formalité qui comptait.
Il arriva au pont, sortant de la petite tour avant pour se diriger vers l’arrière. Quelques matelots rinçait le sol, d’autres inspectaient encore les bombes, les canons modernes et les mitrailleuses, mais la plupart ne faisait que ce balader. L’équipage plutôt mixte permettait un tempérament assez neutre dans tout l’équipage, sans être déséquilibré. La plupart de l’équipage saluait le capitaine, alors que celui-ci passait à côté du cercle d’atterrissage pour les hélicoptères. Finster finit la marche jusqu’à la tour arrière, où il ouvrit la porte sur le côté, donnant à un escalier comme l’autre de tout à l’heure. Il monta l’équivalent de trente marches, pour déboucher dans une salle assez grande, complètement vitrée. Au centre se trouvait un homme, qui commandait un gouvernail en bois, ressemblant à ceux du 17e siècle. Finster avait eu ce désir d’équiper son bateau d’un ainsi dès qu’il l’obtint. L’homme à la barre se tourna, et salua :
-Bonjour capitaine. Bonne soirée n’est-ce pas?
-La brise est fraîche mon bon Éric, répondit doucement Finster, mais c’est une de ces belles soirées où la mer devient le plus bel endroit du monde. Notre cap ne change pas, on continue vers l’Allemagne. Quand tu seras fatigué, Éliane est préposée pour prendre ta place. Quant à moi, je m’attends à avoir une longue et pénible journée demain.
Finster soupira. Le sociable et les discussions n’avaient jamais été son fort, surtout lorsqu’il s’agissait de lui en infériorité. Il n’avait par contre pas le choix s’il voulait continuer dans la même voix.
-Le Führer sera sûrement très exigeant, et il aura d’autres choses à faire, mais nous ne serons pas laissés de côté. Je vais donc aller me coucher. Passez une Bonne Nuit Éric.
-Merci Capitaine, bonne nuit à vous.
Finster se retourna, laissant le jeune copilote continuer sa tâche. Finster avait depuis longtemps laissé tomber le pilotage automatique. Pourquoi faire conduire une machine alors que plein ne veulent que faire ça? Finster traversa la salle de commandement pleine d’engins pour aller à une porte en bois brun à l’opposé du gouvernail. Il l’ouvrit, entra dans la pièce, et referma aussitôt. La pièce au sol de tapis était la salle où Finst vivait, son logis du moment. Un réfrigérateur, un lit, deux fenêtre, une petite salle à part contenant une douche, une toilette et un lavabo, et au mur, une grande armoire vitrée. Finster alla vers cette armoire, et l’admira quelques instants. À l’intérieur, il y avait une dizaine d’épée qui était accrochée sur des pieds, exposées comme dans un musée. Il y en avait de toutes les sortes, entre autres une doppelhändle rouillée, et vieillie sur laquelle on voyait encore des tâches sombres de sangs non-lavés. Aussi, on pouvait voir, un peu en-dessous, une épée assez massive, devant laquelle on pouvait lire : En mémoire de Charles. Finster se rappela du jour où il l’avait ravie à l’abomination ayant tuée son compagnon. Tout au-dessus, se trouvait un titan. Une lame immense, d’une dimension incroyable, un tranchant fin, mais d’une efficacité monstre. Il revoyait les lignes écrites dessus, en runes tengwar, donnant à l’ombre du destin sa vraie valeur, Amarthdael. Cette vieille compagne était pour Finster plus qu’une protectrice, mais une relique, qu’il gardait en lieu sûr, jusqu’à ce qu’il en ait de besoin à nouveau. Après quelques instants d’immobilité, il se retourna, et ferma la lumière du plafond. La pièce devint sombre, et il s’étendit sur son lit. La noirceur vint abrier le ciel pendant que Finster fermait les yeux.
«Je n’ait pas enlevé mes vêtements… Quelle importance, je les remettrais demain…»